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Projet Lumi à Bordeaux : Reprise du chantier après 5 ans d’arrêt

Au cœur de Bordeaux, le projet immobilier Lumi, initialement lancé avec la promesse d'innovation et de multifonctionnalité, s'apprête à reprendre vie après une pause de cinq ans. Situé entre le dynamique Marché d'Intérêt National et le boulevard Jean-Jacques-Bosc, sur le quai de Brienne, ce programme ambitieux avait vu ses travaux suspendus en 2019, victime d'un désaccord technique entre les parties prenantes.

Aujourd'hui, sous l'égide d'Eiffage Construction Nord Aquitaine, le projet est sur le point de connaître un nouveau départ. Lumi se destine à devenir un espace de vie exemplaire, mêlant bureaux, logements familiaux, et services de proximité, dont une crèche et une résidence étudiante. Cette renaissance du projet Lumi symbolise non seulement la résolution d'un conflit mais aussi l'adaptation aux nouvelles exigences environnementales et sociales de la ville de Bordeaux.

Le projet Lumi et son interruption prématurée

Le projet Lumi, conçu pour être un phare d'innovation au sein de Bordeaux, a démarré avec une ambition claire : créer un espace multifonctionnel qui réponde aux besoins diversifiés de ses futurs utilisateurs. Envisagé comme un "Lieu à usages multiples et innovants", Lumi promettait de combiner des logements neufs à Bordeaux avec des bureaux, et des espaces publics dans un cadre architectural moderne et durable. Situé stratégiquement sur le quai de Brienne au cœur de l'opération Bordeaux Euratlantique, le projet se voulait être un pont entre le passé industriel de la zone et son avenir résidentiel et commercial prometteur.

S’étendant sur une surface globale de 21 000m², le projet se découpe en quatre lots destinés à différents usages. 130 logements familiaux (accession sociale ou libre), une crèche, des bureaux, ainsi qu’un jardin de 1140m² prendront place au centre des bâtiments.

Après le début des travaux en 2018, le chantier a été brusquement interrompu en été 2019. À l'origine de cette suspension, un désaccord majeur entre Clairsienne, le bailleur social porteur du projet, et Cari Aquitaine, la filiale du groupe Fayat en charge de la construction. Le litige portait sur des modifications techniques substantielles, qui ont finalement conduit à l'abandon du chantier, laissant derrière lui une structure inachevée et des questions sans réponses.

Cette interruption a non seulement marqué un coup d'arrêt pour le projet Lumi mais a également généré une incertitude quant à l'avenir du site. Le conflit entre les parties prenantes s'est heureusement résolu à l'amiable, ouvrant la voie à la reprise des travaux. Cette période d'arrêt a été l'occasion de repenser le projet pour surmonter les obstacles techniques et financiers rencontrés mais aussi pour l'aligner avec les nouvelles aspirations urbaines et environnementales de la ville de Bordeaux.

Les acteurs du projet et leurs rôles

Au cœur de la renaissance du projet Lumi se trouvent plusieurs acteurs clés. Clairsienne, un bailleur social reconnu, est à l'initiative du projet. En tant que maître d'ouvrage, il a pour ambition de créer un espace de vie innovant qui réponde aux besoins des Bordelais tout en s'inscrivant dans une démarche de développement durable et social.

La mission de Clairsienne dépasse la simple construction de logements ; elle vise à tisser un véritable lien communautaire au sein du quartier Euratlantique, en proposant des espaces de vie partagés et des services de proximité.

Eiffage Construction Nord Aquitaine, désigné pour reprendre le flambeau, apporte son expertise technique et son engagement envers l'innovation et la qualité. Connu pour son savoir-faire dans la réalisation de projets complexes et durables, Eiffage se voit confier la tâche de mener à bien la construction de Lumi, en s'appuyant sur les fondations déjà établies par Cari Aquitaine.

Le choix d'Eiffage reflète la volonté des parties prenantes de garantir la réussite du projet, en s'assurant que les travaux reprennent sur des bases solides et dans le respect des nouvelles orientations du projet.

Euratlantique, l'aménageur du quartier, joue également un rôle important dans l'intégration du projet Lumi dans le tissu urbain de Bordeaux. En tant qu'organisme public, Euratlantique supervise la transformation de la zone en un pôle économique et résidentiel majeur. Sa collaboration avec Clairsienne et Eiffage est essentielle pour assurer que Lumi contribue positivement à la vision globale du quartier, en harmonie avec les autres développements et les infrastructures environnantes.

Modifications et améliorations apportées au projet

La reprise du projet Lumi s'accompagne de modifications, témoignant d'une adaptation aux nouvelles exigences urbanistiques et environnementales. Ces ajustements reflètent une volonté de répondre aux besoins actuels des habitants tout en s'inscrivant dans une démarche de développement durable.

L’une des évolutions majeures concerne l'introduction d'une résidence étudiante de 192 logements au sein du lot 4, enrichissant ainsi la mixité fonctionnelle du projet. Cette nouveauté répond à la demande croissante de logements étudiants à Bordeaux, ville universitaire par excellence. Elle illustre également l'engagement des acteurs du projet à créer un espace de vie inclusif, adapté à différentes tranches d'âge et catégories socio-professionnelles.

Par ailleurs, le projet a été revu pour se conformer aux exigences du label Bâtiment Frugal Bordelais, initiative locale visant à promouvoir une construction plus respectueuse de l'environnement. Cette orientation se traduit par l'intégration de matériaux durables, tels que le bois, et l'utilisation de béton bas carbone, minimisant ainsi l'empreinte écologique du bâtiment.

De plus, une attention particulière est portée à la conception des logements, avec une augmentation du nombre de logements traversants, favorisant la ventilation naturelle et l'éclairage naturel, critères essentiels du bien-être des occupants.

Ces améliorations ne se limitent pas à l'aspect environnemental. Elles visent également à renforcer le lien social au sein du quartier, à travers la création d'un jardin central de 1 140 m², espace vert partagé destiné à devenir un lieu de rencontre et de convivialité pour les résidents. Cette dimension sociale du projet est fondamentale, reflétant l'ambition de Lumi de contribuer au dynamisme et à la cohésion de la communauté locale.

Défis techniques de cette reprise de chantier

L'un des principaux défis réside dans la décision de conserver une partie du gros œuvre déjà réalisé par Cari Aquitaine. Cette approche nécessite une analyse détaillée de la structure existante pour s'assurer qu'elle répond aux normes de sécurité et aux exigences du nouveau projet.

Eiffage s'appuie sur son expérience et son savoir-faire pour effectuer cette évaluation, en collaboration avec des ingénieurs structure et des experts en bâtiment. La décision de ne démolir que partiellement le gros œuvre témoigne d'une volonté de trouver un équilibre entre la préservation des travaux déjà effectués et les impératifs de qualité et de durabilité du projet final.

Face aux incertitudes liées à la structure existante, Clairsienne et Eiffage ont dû naviguer dans un contexte réglementaire et assurantiel complexe. La question de la garantie décennale, en particulier, a été au cœur des discussions, compte tenu des risques potentiels associés à la reprise d'un chantier abandonné.

Le dépôt d'un nouveau permis de construire adapté aux modifications du projet a également été nécessaire, étant donné que le bâtiment doit répondre aux nouvelles normes de construction comme la RE2020. La flexibilité et l'innovation ont été des facteurs clés, permettant d'ajuster les plans de construction aux réalités du terrain tout en respectant les nouvelles orientations du projet Lumi.

Impact financier et calendrier de réalisation

La reprise et la modification du projet Lumi à Bordeaux ne sont pas sans conséquences sur le plan financier. Initialement prévu pour un coût de gros œuvre de 40 millions d'euros, le budget a dû être réévalué à la hausse, atteignant désormais 45 millions d'euros pour cette phase du projet.

Cette augmentation de 5 millions d'euros reflète les défis inhérents à la reprise d'un chantier abandonné, les modifications apportées au design original pour répondre aux nouvelles exigences environnementales et sociales, ainsi que les coûts associés à la garantie de la structure existante. Le coût total du projet Lumi est donc porté à 62 millions d'euros.

Le calendrier de réalisation a également été ajusté pour tenir compte de la complexité de la reprise du chantier. Les travaux de construction sont prévus pour reprendre fin 2024, avec une livraison espérée courant 2026.

La transformation culturelle et sociale du chantier

Que fait-on d’un chantier mis en pause pendant plusieurs années ? La question se pose naturellement pour les promoteurs et autres parties prenantes mis en déroute par une interruption brutale de la construction d’un projet. En l’occurrence, la période d'interruption du chantier Lumi n'a pas été un temps mort pour le site. Au contraire, elle a été l'occasion d'une étonnante transformation culturelle et sociale, grâce à l'initiative du collectif En Place.

Ce regroupement d'associations a investi temporairement le site, le convertissant en un lieu d'accueil et d'animation pour la communauté locale. Cette occupation temporaire a permis de faire de la friche un espace vivant, proposant une variété d'activités culturelles et sociales, allant des concerts et expositions à des ateliers de Pilates et de yoga, en passant par des soirées jeux et des spectacles.

Cette transformation a non seulement permis de valoriser un espace inutilisé, mais elle a également contribué à renforcer le lien social au sein du quartier, en offrant aux résidents un lieu de rencontre et d'échange. Le succès de cette initiative témoigne de la capacité des projets immobiliers à générer des impacts positifs bien au-delà de leur fonction première, en contribuant au dynamisme culturel et social des quartiers.

Le collectif En Place a également démontré l'importance de la flexibilité et de l'innovation dans la gestion des espaces urbains. En transformant un chantier abandonné en un lieu de vie et de culture, les associations ont illustré comment les espaces transitoires peuvent être réinventés pour répondre aux besoins des communautés locales. Cette expérience enrichissante ouvre des perspectives intéressantes pour l'intégration de dimensions culturelles et sociales dans les projets de développement urbain futurs.

Avec la reprise des travaux prévue pour fin 2024, le collectif En Place devra quitter le site du projet Lumi. Cependant, l'esprit de cette initiative perdurera. Clairsienne envisage de maintenir cet élan culturel et social en intégrant des espaces dédiés aux activités communautaires et culturelles dans le projet final. Ainsi, le projet Lumi ambitionne de devenir un modèle de développement immobilier qui allie innovation architecturale et engagement social, en créant un espace qui répond aux besoins de logement tout en favorisant la cohésion et l'animation communautaire.

Cette approche reflète une vision plus large de l'urbanisme, où les projets immobiliers sont conçus comme des catalyseurs de vie communautaire, contribuant à la vitalité et à l'attractivité des villes. Le projet Lumi, avec son histoire unique et sa renaissance ambitieuse, est destiné à devenir un exemple emblématique de cette vision, en offrant à Bordeaux un espace de vie innovant et inclusif, ancré dans les valeurs de partage, de durabilité et de créativité.